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Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952

 

Il y a maintenant 69 ans que cette catastrophe est survenue le 20 Mai 1952

Voici quelques photos du site de Grosménil à Frugères les mines certaines photos pour certains seront inédites car provenant de collection privée.

Cette mine était très active et employée beaucoup de mineurs jusqu’à ce 20 Mai 1952 ou 12 mineurs y laissèrent la vie.

En fin de cet article vous aurez le récit complet de cette triste catastrophe relaté par Raymond Caremier.

 

Voici le lien de son site

http://gw.geneanet.org/symi43?lang=fr%3bpz=louis%3bnz=du+crozet%3bocz=0%3bm=NOTES%3bf=chronique79

Quelques extraits.

FRUGÈRES LES MINES

LA CATASTROPHE DU PUITS DU PARC

20 MAI 1952

Douze victimes qui laissent une trentaine d’orphelins, tel est le bilan de cette catastrophe qui endeuille toute la population laborieuse de cette partie de la Haute-Loire

Récit de ces tristes journées qui tétanisent le peuple dans toute la lourdeur du silence, de l’injustice et de l’incompréhension.

>>> Lire la suite

1 - L’EFFROYABLE CATASTROPHE À PLUS DE 600 MÈTRES SOUS TERRE

Comme les nombreux puits du bassin minier de Brassac-Les-Mines, le puits du Parc est sujet à d’importants dégagements de gaz carbonique. Par précaution et surtout par mesure de sécurité les tirs de mines sont déclenchés depuis la surface par une équipe de spécialistes lorsque les personnels ont été remontés en surface.

4 - TOUT LE BASSIN MINIER EN DEUIL

Des clochers de Frugères-Les-Mines, de Brassac-Les-Mines à Vergongheon en passant par Sainte-Florine, Lempdes et Bournoncle-Saint-Pierre le glas résonne tristement dans la campagne ensoleillée.

Tout en fin d'article Vous aurez les photos d'époque de la catastrophe celles-ci ne sont pas très nettes car se sont des coupures de journaux de l'époque

Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
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Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952


 

FRUGÈRES LES MINES
LA CATASTROPHE DU PUITS DU PARC LE 20 MAI 1952


 



 



Pour ne pas oublier, le « Challenge du souvenir » ...

Chaque année, à la date anniversaire de la catastrophe, et pendant plusieurs décennies,
le club de football local a organisé un tournoi de sixte dont l’équipe victorieuse recevait le « Challenge du souvenir ».
Remis en jeu chaque année, le trophée et toutes les valeurs qu’il représentait valaient au Bassin Minier un engouement et une ferveur empruntés de solidarité et de respect.



 

1 - L’EFFROYABLE CATASTROPHE À PLUS DE 600 MÈTRES SOUS TERRE

Comme les nombreux puits du bassin minier de Brassac-Les-Mines, le puits du Parc est sujet à d’importants dégagements de gaz carbonique. Par précaution et surtout par mesure de sécurité les tirs de mines sont déclenchés depuis la surface par une équipe de spécialistes lorsque les personnels ont été remontés en surface.

En ce matin de printemps du 20 mai 1952, les équipes du puits du Parc sont descendues aux différents étages d’exploitation de la mine. Une équipe composée de 20 mineurs sous les ordres du chef de poste Fernand Borel est chargée d’exécuter des travaux préparatoires à l’exploitation de nouvelles couches de charbon à l’étage 620..

Ils empruntent tout d’abord une cage qui les conduits à l’étage 515, puis par une seconde cage ne pouvant contenir que cinq personnes et actionnée par un treuil à air comprimé, ils descendent ainsi 100 mètres plus bas, à l’étage 620.

Quatorze d’entre eux restent à la base du puits pour effectuer des travaux de maçonnerie, de forge et d’autres occupés à creuser une galerie destinée au retour des berlines du futur engagement.

Le chef de poste accompagné de cinq autres mineurs se rendent sur le chantier qui commence à 600 mètres de la base du puits. Deux d’entre eux se portent au front de taille , tandis que trois autres continuent un chantier de percement d’un plan incliné montant vers l’étage 571 où se trouve une galerie minière en préparation.

Ce plan incliné de 45° dans le rocher d’une section de 3,5 mètres par 2,70 mètres est divisé en deux parties ; une pour revoir le déblai, une seconde beaucoup plus étroite, équipée d’échelles, réservée au passage des personnels.

Les travaux de ce plan avaient avancé précédemment d’une quarantaine de mètres et il ne restait plus qu’une vingtaine de mètres pour atteindre la fameuse galerie de l’étage 571.

Le travail s’effectue de façon normale sauf vers le chantier du plan incliné. Vers les 11 heures, le chef mineur Nicoud en visite à l’étage rencontre son beau-frère Fernand Borel et les deux hommes observent qu’à son extrémité « que le chantier travaille ».

Une série d’éboulements continus de faible importance empêche André Blanquet et Léon Delort de se porter en tête du chantier. Le chef de poste Fernand Borel leur donne pour consigne de dégager la base au fur et à mesure des éboulis et de charger blocs et débris dans les bennes.

Pendant cette phase de travaux, un des trois mineurs abandonne ses collègues pour se rendre dans la grande galerie.

Vers midi, Fernand Borel se rend vers les deux hommes, André Blanquet, rescapé de la catastrophe raconte :

 

- « Mon camarade m’a demandé l’heure, et je lui répondis qu’il était environ midi. A cet instant précis le chef de poste se recula d’un bond, l’air horrifié et s’écria « sauvez-vous les gars » ». Il avait certainement vu arriver la masse de rocher ; nous-mêmes sentions à cet instant un souffle bizarre, mais pas encore d’une grande puissance ; nous nous trouvions dans la poussière, notre lampe se distinguait seulement par un point rouge. »

Léon Delort et André Blanquet obéissent immédiatement en se faufilant entre les bennes et cherchent à gagner l’extrémité de la galerie et le puits ou tout au moins une partie de la galerie fortement aéré par un ventilateur.

Une seconde explosion se produit suivie d’un puissant souffle qui projette à terre André Blanquet. Un épais nuage de poussière s’engage à grande vitesse dans la galerie rectiligne. L’odeur aigrelette du gaz carbonique, le grisou, suit son chemin. Les hommes ne s’aperçoivent plus.

Cette seconde explosion a mis hors d’usage le ventilateur et a endommagé les compresseurs à air nécessaires à la manœuvre de la petite cage d’accès existante.

Six mineurs pourront, non sans difficulté, y accéder tandis que deux autres se sont placés sur le toit de l’engin. La mise en service de compresseurs supplémentaires va les hisser jusqu’à l’étage 515 .

Pris en charge par les mineurs de cet étage, Louis Joanny de Sainte-Florine André Dantal , Pierre Charbonnel et René Badon de Lempdes, Paul Gauthier et André Blanquet de Frugères-Les-Mines, Paul Brumerelle et Pierre Bardy de Vergongheon sont conduits au jour. Ils vont être les seuls rescapés !

Le machiniste s’empresse de renvoyer la cage vers le bas, hélas , son arrivée n’est suivie d’aucune sonnerie, d’aucun signal.

La nappe de gaz nocifs avait fait son œuvre de mort.

L’alerte a été donnée au jour. Comme une trainée de poudre, la funeste nouvelle se répand dans toutes les communes du bassin.

En moins d’une heure, une foule muette et anxieuse se presse autour du puits tragique.

Des épouses, des mères, des mineurs ignorent si l’un des leurs se trouve parmi les victimes …


 

2 - LA POPULATION RÉUNIE SUR LE CARREAU DE LA MINE


Sur le carreau de la mine, la population attend anxieusement, la gorge serrée, les premières remontées, on se remémore que trois mineurs en 1929 et cinq mineurs le 10 avril 1942 avaient été les malheureuses victimes d’un semblable dégagement instantané de gaz carbonique.

Ici, en moins d’une heure le gaz est parvenu à l’étage 515.

La présence de l’importante nappe de gaz interdit le travail de l’équipe de sauvetage. Sous la direction des ingénieurs MM. Collange et Michel et de M. Nicoud chef mineur, les équipes de secours, munies d’appareils respiratoires descendant à l’étage tragique, tandis que des mesures d’aération et de ventilation sont prises.

 

 


Il faut attendre deux longues heures, incroyablement longues, avant que l’équipe puisse descendre sans risque.

Parvenus au fond, ils découvrent près de la cage les corps des mineurs Raphaël Licois, Albert Bouche, Robert Mallet, Constantion Chiado-Fioro, Alexandre Sahunet et Albert Flory. .

Au fond de la fouille du puits, les malheureux De Noni et Fuzet vraisemblablement trompés par l’obscurité et suffoqués par les gaz apparaissent dans le halo des lampes. Le cadavre du chef de poste Borel est découvert aux abords du lieu où le dégagement s’est produit. René Bernard et Jean Knorst sont trouvés sur le lieu même de leur travail.

La mort a fait son œuvre. Avec acharnement les corps sont remontés un à un vers la surface.

Entre 14h30 et 15heures sont remontés les corps d’Albert Bouche, Constantino Chiado-Fioro, Albert Flory, Alexandre Sahunet et Raphaël Licois. A cette triste liste s’ajoute la dépouille de Robert Malet, forgeron, qui intervenait exceptionnellement au fond de la mine.

Un profond silence étreint la foule. Les hommes se décoiffent, les femmes sanglotent !.

Derrière les porteurs de civière qui transportent les corps à la salle de déshabillage, un bien triste cortège se forme, celui des parents qui pleurent un être cher.

De temps à autre, la foule qui se trouve devant la porte d’entrée laisse passer une femme, un frère, un mère , qui va rendre une funèbre visite à l’un des disparus.

A 17h30 le corps du chef Borel est arraché à la terre.

Une heure plus tard les sauveteurs ramènent les corps de Raymond Fuzet  et de Jean Knorst .
Vers 19 heures les victimes Léon Delort et Bruno de Noni rejoignent leurs camarades. Dix minutes plus tard, la dernière dépouille est sortie du fatal puits, c’est celle de René Bernard.

Une chambre mortuaire est installée en fin de soirée à proximité de la chambre de déshabillage où sont transportés les corps des victimes, les mineurs à tour de rôle vont veiller toute la nuit sur leurs camarades.

Vers les 19h 30, Monseigneur Chappe , Evêque du Puy arrive au puits du Parc et s’incline devant les victimes et s’entretient longuement avec les familles éprouvées.

Pendant des heures, la foule demeure aux alentours comme si elle ne veut pas s’arracher à la douleur et hésitant à laisser ceux qui, hier encore, étaient au milieu d’eux.

Puis, petit à petit, les groupes se disloquent. Chacun repart chez soi, tristement.



 

3 - LE VIBRANT HOMMAGE AUX VICTIMES


 

 


Jeudi 22 mai 1952, jour de l’Ascension, est un jour de deuil pour l’ensemble de la population du bassin minier. Dans les rues de Frugères-Les-Mines, les visages sont graves.

Dès les premières heures de la matinée , en vélo, en moto, en voiture et même en autocar des milliers de personnes convergent vers le carreau du puits du Parc où doit être célébrée la cérémonie officielle , la foule des anonymes vient apporter un dernier salut aux douze mineurs tombés au champ d’honneur du travail.

Bien avant la cérémonie, sur le carreau de la mine et sur les flancs de la colline la foule s’entasse dans un impressionnant silence.

Un à un, les cercueils de chêne clair sont posés près de la salle des machines. Dix cercueils sont ainsi alignés sous des monceaux de fleurs et de gerbes. Deux autres cercueils, à la demande des familles seront amenés à la fin de la cérémonie religieuse.

Tandis que la foule ne cesse d’arriver, avant que ne commence le service funèbre, les mineurs en bleu de travail, lampe accrochée à leurs vêtements montent une garde d’honneur autour des cercueils.

A leurs côtés, des gendarmes arme au pied, la Lyre des Mineurs de Sainte-Florine, les Sapeurs-Pompiers de Vergongheon, Sainte-Florine et Arvant placés sous la direction des Lieutenants Bouquet, Labaume et Gaubens.

Devant cette haie d’honneur, sont rangés les drapeaux des différents syndicats de Mineurs du Bassin d’Auvergne, des associations d’Anciens Combattants et de Prisonniers de Guerre, de l’Amicale « Rhin et Danube », de l’Amicale des Anciens du Maquis de la 33
e Compagnie et de l’Amicale du groupe de résistance d’Arvant.


 


 


Au centre du catafalque, parmi les innombrables gerbes et couronnes, on remarque celle des Charbonnages de France, de la Ville de Clermont, du Consulat d’Italie à Lyon, des différents syndicats du personnel de la S.C.A.L , des établissements Ducellier et Conchon-Quinette , des Fédérations et des syndicats C.G.T, C.G.T-F.O et C.F.T.C, des Cheminots de Clermont, des Mutilés et Invalides du Travail.

Sur l’autel dressé devant la rangée de cercueils ont été placées les dix lampes que les mineurs tenaient à leur main au moment de leur mort.

La messe est célébrée par l’abbé Mallet curé de Sainte-Florine. Tout au long de l’office, la chorale composée des choristes des paroisses de Lempdes, Vergongheon, Sainte-Florine et Frugères accompagne la liturgie.

Dans une poignante tristesse « Le Chant des Adieux » retentit, tandis que le Chanoine Reynaud, Archiprêtre de Brioude , assure au nom de l’Eglise toute sa sympathie envers les familles de victimes.

La Lyre des Mineurs de Sainte Florine entonne une marche funèbre.

Après la cérémonie religieuse, l’autel est enlevé et les dépouilles mortelles des deux mineurs pour lesquels la famille avait demandé des obsèques civiles sont portées aux côtés des autres cercueils.

Dans un émouvant silence, sont lus les télégrammes reçus de La Sarre, du Bassin d’Aquitaine, des Charbonnages de France et de nombreux bassins miniers et les messages de sympathie venus de la France entière.

Commencent alors les éloges funèbres prononcés par les représentants des Houillères, par les représentants du personnel, par M. Jean Pomel Conseiller Général du canton d’Auzon et M. Carcassès Préfet de La Haute-Loire, porteur du message du Président de La République .

M. Millot, Président du conseil d’Administration du Bassin d’Auvergne : « Le deuil qui nous frappe, dit-il, est si lourd, si cruel que les mots apparaissent bien ternes et bien usés et pourtant comment nous taire ».

Après avoir présenté au nom des Houillères du Bassin d’Auvergne ses condoléances aux familles des victimes, il rend hommage au dévouement inlassable des sauveteurs et termine très ému son allocution « Je vous adresse mineurs de Grosménil morts à la tâche, un suprême et dernier adieu ».

Au nom du syndicat des mineurs C.G.T, la voix étranglée par les sanglots, M. Loubert adresse un dernier message aux victimes : « Adieu camarades nous ne vous oublierons pas et nous aiderons de notre mieux les êtres chers que laissez sur terre ».



 


 

M. Louis Travers, Secrétaire local de la C.F.T.C prend la parole : « Le nom de Frugères, dit-il, restera gravé en lettres de sang dans notre bassin minier, nous demeurerons fidèles à nos morts qui ont consenti un sacrifice d’une sublime grandeur. Ils étaient nos frères de travail, ils étaient d’une grande famille « la famille des travailleurs ».
« Inclinons nous ! Saluons bien bas ces victimes tombées au champ d’honneur du Travail, compatissons à la douleur de ceux qu’ils ont laissés : leurs femmes, les orphelins, leurs vieux parents. Comme pour nous donner une leçon de fraternité, le destin a voulu dans sa cruauté, rassembler des hommes de tous âges, de communes différentes aussi, d’idéal différent également. »
« C’est bien dans ces sentiments là , poursuit-il, que la classe ouvrière de chez nous communie en ce jour de deuil, c’est bien dans ces sentiments que de tous les coins de France sont parvenus à l’adresse des familles si rudement frappées et à l’adresse de la corporation toute entière les témoignages de sympathie et de véritable affection. »
Sur un ton poignant de sincérité, il termine par : « Au revoir camarades, ce n’est qu’un au revoir frères ! »

Alors que M. Jean Edouard au nom de la Fédération des mineurs Force Ouvrière présente ses vives condoléances aux familles, c’est au tour de M. Archaud d’apporter le salut de la Fédération des Mutilés et Invalides du Travail.

Amputé des deux jambes à la suite d’un accident du travail survenu en 1913 en gare de Clermont-Ferrand, Jules Archaud s’avance aidé de deux mineurs : « Les travailleurs du sous-sol viennent une fois de plus d’être éprouvés, ce qui leur arrive plus souvent qu’à leur tour. Aussi est-ce étreint par l’angoisse que je m’incline devant les dépouilles de ces victimes et devant la douleur des familles que je m’incline devant ces douze héros du travail. »

Madame Simone Troigros responsable fédérale de la C.F.T.C s’adresse à la foule en ces termes : « Le travail qui doit faire vive les hommes a été pour vos mineurs ce qui a détruit votre vie. Votre présence par la pensée nous incitera à lutter pour que soient conjurés au vingtième siècle les éléments qui vous ont vaincus ».

Au nom des travailleurs nord-africains, M. Belaoues, en des termes d’une simplicité touchante tient à s’associer à la douleur des familles des victimes et à les assurer de sa vive sympathie.

M. Jean Pomel, maire de Vergongheon, Conseiller Général d’Auzon très ému s’écrie « Au moment où la terre va recouvrir les corps des douze victimes, comment exhaler notre douleur ? » « Loin de nous la pensée d’accuser quiconque de cette terrible catastrophe, cette destinée, cette mort aveugle qui fauche même les meilleurs, sans distinction et sans raison, ne menace-t-elle pas tous les travailleurs du sous-sol ? Y-a-t-il une profession plus noble mais aussi plus meurtrière ? »

C’est au tour de M. Carcassès de prendre la parole qui délivre le message du Président de La République M. Vincent Auriol : « « Douloureusement ému par la catastrophe minière de Frugères, je vous prie au nom du Gouvernement de la République et en mon nom personnel, de transmettre aux familles des victimes l’expression de ma profonde et affectueuse sympathie. Je tiens à leur donner l’assurance que, dans l’épreuve si cruelle qui les frappe, elles peuvent compter sur la solidarité de la Nation. »

La cérémonie s’achève par le discours du représentant de l’Etat, les cortèges se forment ..

Dans leur cercueil, les mineurs, un à un, quittent pour la dernière fois le puits du Parc.

4 - TOUT LE BASSIN MINIER EN DEUIL


 

Des clochers de Frugères-Les-Mines, de Brassac-Les-Mines à Vergongheon en passant par Sainte-Florine, Lempdes et Bournoncle-Saint-Pierre le glas résonne tristement dans la campagne ensoleillée.

 

    La cérémonie terminée, à Frugères-Les-Mines le long cortège se forme derrières les corbillards d’Albert Bouche et Léon Delort tandis que les cercueils des autres mineurs sont acheminés par ambulance vers leur commune respective. En tête du cortège, « La Lyre des Mineurs », puis viennent les drapeaux des Anciens Combattants de 1914-1918, des A.C.P.G, de l’Amicale « Rhin et Danube », des anciens F.F.I. Les enfants des écoles portant des bouquets précèdent les corbillards dont les cordons sont tenus par des mineurs en tenue de travail. Le lent défilé se dirige vers le cimetière communal. Au nom de la population, M. Dorel Maire de Frugères adresse un dernier adieu aux disparus.

 

    Le matin à Sainte-Florine, on inhume le corps de Raymond Fuzet .Un de ses anciens camarades rend un dernier hommage en présence de M. Migeon Sous-préfet de Brioude et de M. Barbier maire de la localité. Les mêmes personnalités sont présentes aux obsèques d’Alexandre Sahunet. Après l’ absoute donnée par l’ abbé Mallet, un cortège groupant « La Lyre des Mineurs », les enfants des écoles, les pompiers, les associations de Sainte-Florine et toute la population accompagnent le mineur à sa dernière demeure.

 

    La dépouille de Bruno de Noni a été déposée dans l’église de Brassac-Les-Mines. A 14h30 toute la population de la localité s’est assemblée pour l’office religieux célébré par le Chanoine Ferrandon. Un long cortège comprenant de nombreuses personnalités parmi lesquelles M. Duché Sous-préfet d’Issoire, M. Dassaud Sénateur, MM. Laroussinie, maire de Brassac, M. Coiffier maire-adjoint et tout le Conseil Municipal suit le char funéraire.

 

    A Lempdes, après l’absoute donnée par le Chanoine Anglade , en présence d’une nombreuse assistance et M. Carcassés Préfet , sont inhumés René Bernard, Fernand Borel et Robert Mallet après le discours d’adieu prononcé par M. Combes , maire de la localité.

 

    C’est à Bournoncle-Saint-Pierre qu’est inhumé Raphaël Licois où l’absoute est donnée par le Curé Chazelet et en présence de M. Tisserand Secrétaire Général de La Préfecture et de Gabriel Alezais maire de la commune.

 

  •     A Vergongheon l’inhumation de Constantino Chiado-Fioro précède celles d’Albert Flory et de Jean Knorst . L’absoute est donnée par l’abbé Martin en présence de M. Badault, Chef de Cabinet du Préfet et de M. Tisserand

     

LES DOUZE VICTIMES

A la mairie de Frugères, c’est Gabriel Chalchat, Chef de Service aux Houillères d’Auvergne qui a la triste et pénible tâche de procéder aux formalités administratives. Sur le registre d’état-civil, chacun des 12 actes de décès est libellé ainsi : « Le vingt mai mil neuf cent cinquante deux, douze heures trente, est décédé accidentellement au puits du Parc … »

  • Fernand Borel (38 ans) né à Aigueperse (Puy de Dôme) le 26 mars 1914, Chef de Poste embauché le 13 octobre 1938 , domicilié à Lempdes (Haute-Loire) , fils de Florent Borel et d’ Adélaïde Roussel , marié un enfant,inhumé à Lempdes.

  • René Bernard (34 ans), né à Ardes sur Couze (Puy de Dôme) le 28 juillet 1917, ouvrier mineur embauché le 3 septembre 1945 , domicilié à Lempdes (Haute-Loire), fils de Bernard Laurent Bernard et de Marguerite Lapirot, marié 2 enfants,inhumé à Lempdes.

  • Albert Henri Bouche (39 ans), né à Frugères Les Mines le 1er août 1912, , ouvrier mineur embauché le 15 octobre 1934, domicilié à Frugères Les Mines, fils de Antoine Bouche retraité mineur et de Marguerite Orlhac, marié 3 anfants,inhumé à Frugères Les Mines.

  • Bruno Guiseppe de Noni (36 ans) , né le 31 octobre 1915 à Revine-Lago (Région de Vénétie - Italie), ouvrier mineur embauché le 9 octobre 1947 , domicilié à Frugères Les Mines, fils de Luigi Angelo de Noni et d’Elivira Magagni domiciliés à Brassac Les Mines (Puy de Dôme), marié 3 enfants,inhumé à Brassac Les Mines.

  • Léon Auguste Delort (37 ans), né le 4 novembre 1914 à Tanavelle (Cantal), ouvrier mineur embauché le 18 décembre 1945 , domicilié à Frugères Les Mines, fils de Jean Baptiste Delort cultivateur à Tanavelle et de Marie Réal, marié 3 enfants,inhumé à Frugères Les Mines.

  • Constantino Piétro Chiado-Fioro (50 ans) né le 27 août 1901 à Ruéglio (Région du Piémont - Italie), ,ouvrier mineur embauché le 18 septembre 1939 , domicilié à Vergongheon, fils de Guisseppe Chiado-Fioro et de Maria Carrosso, marié un enfant, inhumé à Vergongheon.

  • Albert Marius Flory (42 ans) né le 20 juillet 1909 à Vergongheon domicilié au même lieu , ouvrier mineur embauché le 30 octobre 1933 , fils d’Alfred Pierre Flory et de Marie Alphonsine Pougheon, marié 2 enfants, inhumé à Vergongheon.

  • Raymond Fuzet (26 ans), né le 7 octobre 1925 à Vergongheon, ouvrier mineur embauché le 2 mai 1945 , domicilié à sainte-Florine, fils d’André Marcel Fuzet et de Marthe Pauline Sabatier, marié 2 enfants, inhumé à sainte Florine.

  • Jean Adam Knorst (34 ans), né le 31 août 1917 à Teting sur Nied (Moselle), ouvrier mineur embauché le 17 mars 1947, domicilié à Vergongheon, fils d’Adam Knorst cultivateur à Teting et de Marguerite Morsch, marié 8 enfants, inhumé à Vergongheon.

  • Raphël Daniel Licois (33 ans) né le 26 septembre 1918 à Tours (Indre et Loire), ouvrier mineur embauché le 24 mai 1931, domicilié à Bournoncle Saint Pierre, fils de Raphaël Alfred Licois et de Adrienne Branchu, marié 4 anfants,inhumé à Bournoncle Saint Pierre.

  • Robert Mallet (31 ans) né le 16 août 1920 à Lempdes (Haute-Loire) et y demeurant , ouvrier forgeron embauché le 8 novembre 1941, fils de Mathieu Mallet et de Marie Vedel, marié un enfant, inhumé à Lempdes.

  • Alexandre Sahunet (42 ans) né le 18 mars 1910 à Sainte-Florine, ouvrier mineur embauché le 19 novembre 1943 , domicilié à Frugères Les Mines, fils de François Sahunet et d’Urilie Vincenta Maria Pilar, marié 4 enfants, inhumé à Sainte Florine.


 

Témoignage

 

Louis Vigier Le matin méme , nous y étions tous les enfants des écoles sur le talus à attendre !! je me souviens, j'avais 7 ans !C'est la première fois que je voyais des mineurs sortir de la cage entièrement nus et noirs pour se diriger vers la chambre chaude pour la douche !! quelque fois j'en cauchemarde encore !!et pourtant je suis devenu moi-méme mineur de fond à Bayard quelques années plus tard ;et durant 7 années !!!Cordialement !!

 

Marie Ange Oleon j ai mon oncle qui est un des rescapés de la catastrophe du 20mai 1952.

 

je suis la nièce d' André blanquet.

 

Cary Kris Mon oncle et l'un des seul rescapés de ce drame!!!

 

Oui je suis la petite nièce de trottinette, la petite fille de son frère Alfred dit Frazy

 

Les réactions après la catastrophe de 1952

 

 

CGT, extrait de Le Travailleur du sous-sol, mai-juin 1952.

 

http://lesgravesbayard.pagesperso-orange.fr/Textes_sur_la_mine.htm

«ASSEZ DE MASSACRES AU FOND DES PUITS !

 

Mineurs, luttez pour assurer votre sécurité

 

Encore une. Après Courrières et Vuillemin (Moselle) en 1948, Liévin en 1949, Saint-Éloi-les-Mines en 1950, Bruay en 1951, une catastrophe s'est produite au puits du Gros-Mesnil  (Haute-Loire) le 20 mai. 12 mineurs ont péri laissant 12 veuves et 36 orphelins.

Chaque jour, le sang coule dans nos bassins miniers.

Du 1er janvier 1952 au 25 mai on compte :

56 tués dans le Nord-Pas-de-Calais.

20 tués dans les mines de fer de l'Est.

5 tués dans les mines de la Loire.

 

Depuis le 1er avril jusqu'au 25 mai, il y a eu 10 tués dans le Gard et l'Hérault.

Il faut noter en plus les accidents dans les autres bassins et peites mines, ainsi que les centaines de blessés graves. Il s'agit en fait d'un véritable massacre au fond des puits.

 

Les responsabilités

 

Que l'on ne vienne surtout pas invoquer la fatalité. Ce qui tue les mineurs, c'est la politique de charbon au plus bas prix.

La catastrophe du puits Gros-Mesnil eût pu être évitée.

Dans un manifeste, notre syndicat de la Haute-Loire démontre l'entière responsabilité des Houillères et de l'État-patron et du service des mines.

 

1° La mise en chantier du plan à chariot n°3, où s'est produit le dégagement instantané n'aurait pas dû être effectuée à proximité d'une zone dangereuse connue par l'exploitant par les divers dégagements survenus antérieurement au niveau supérieur, et y compris au niveau 620 où eut lieu un dégagement à environ 6 mètres du lieu de la mise en chantier du plan ;

 

2° La mise en chantier du plan à chariot n°3 a été effectuée en montant, malgré la connaissance dangereuse de son emplacement, alors que le réglement des mines à dégagement instantanné prévoit que les travaux doivent être conduits de manière à réaliser le desserrage progressif des terrains. Tenant compte de ces dispositions, les travaux auraient dûs être entrepris en descendant, comme d'ailleurs ils le furent constamment dans ce puits du Parc ;

 

3° Comment se fait-il que lors du changement  des terrains du front de taille du plan à chariot n°3, des sondages n'ont pas été effectués afin de reconnaître la qualité des terrains suspects de dégagements instantanés ? Vu cet état de fait, pourquoi des mesures de précautions n'ont-elle pas été prises en rapport avec la connaissance de cette zone dangereuse ?

 

4° De plus, les tirs réglementaires ne furent pas effectués la veille ni au front de taille de l'avancement qui est dans des terrains de schistes charbonneux, ni au plan à chariot n°3. Les derniers tirs de l'avancement ayant été effectués le 12 ou 13 mai, celui du plan à chariot n°3 le 17 mai ;

 

5° Les sorties de secours du personnel étaient négligées, en particulier le puits intérieur du niveau 620 à 515 muni d'une seule cage sans contrepoids (rat) et démuni d'échelles, ce qui aurait permis, malgré le manque de pression au moment du dégagement de remonter les ouvriers parvenus à la recette 620 ;

 

6° De plus, les travaux de l'avancement ne devaient pas s'effectuer aux mêmes postes ni en même temps que les travaux du plan à chariot n°3, ce qui est contraire au réglement ;

 

7° L'ingénieur du puits avait, paraît-il, demandé de faire un bure (puits intérieur) au lieu d'un plan à chariot ; un refus lui fut signifié par la direction des houillères du bassin d'Auvergne avec ordre de faire le plan à chariot en montant ;

 

8° L'ingénieur du service des mines aurait déclaré, lors de son enquête, qu'il préférait être dans sa peau que dans celle des ingénieurs, que le plan à chariot n'aurait pas dû être fait à cet endroit ;

Comment se fait-il que des dispositions n'aient pas été prises avant, le service des mines étant bien au courant de tous les travaux effectués au puits du Parc :

La Commission d'enquête réclamée par le syndicat des mineurs s'impose d'urgence, afin que toutes les responsabilités soient établies et que soient châtiés les coupables.

 

Le lendemain de la catastrophe, en signe de protestation et pour exiger plus de sécurité, tous les mineurs et les ouvriers des usines du bassin de la Haute-Loire débrayèrent 24 heures.

Par milliers, ils se retrouvèrent le lendemain lors de la cérémonie officielle.

Là, nos camarades Kléber Loubert, secrétaire de la Fédération régionale du centre et Victorin Duguet, secrétaire général de la Fédération du Sous-Sol qui représentait notre Fédération avec Achille Blondeau, secrétaire fédéral, firent le procès des responsables de la catastrophe.

 

Dans un discours émouvant qui fit venir les larmes aux yeux de l'assistance, Loubert retraça la terrible tragédie.

«Nous n'avons pas le droit, conclut-il, de discuter de la fatalité quand les mineurs se dressent contre l'abandon des règles de sécurité, quand on leur vole leurs délégués. Nous exigeons qu'une commission d'enquête soit constituée avec la participation des ouvriers.»

 

Un réquisitoire

 

Prenant ensuite la parole, Victorin Duguet rend aux victimes de l'État-Patron un dernier hommage au nom de tous les mineurs de France. Il situe ensuite les responsabilités et dresse un véritable réquisitoire.

«Ce qui tue les mineurs, déclare Victorin Duguet, ce qui provoque les catastrophes, ce sont les méthodes d'exploitation, les cadences infernales de travail, la négligence trop souvent, et même l'abandon total des mesures de sécurité, l'insuffisance ou la mauvaise qualité du matériel et des installations, l'insuffisance des pouvoirs des délégués mineurs, le non-respect de leurs rapports, une loi de voleurs qui empêche les travailleurs de la mine de se donner les délégués mineurs de leur choix.

Ce qui tue les mineurs et provoque la catastrophe, c'est le refus d'appliquer leur statut et son article 12, c'est cette course au charbon au plus bas prix pour les besoins de la politique de guerre qui fait que les mineurs soit brimés, bafoués, qui veut que les prix de tâche soient constamment abaissés, qui fait que les réclamations et les avis des mineurs et de leurs syndicats sont systématiquement repoussés.

Voilà ce qui tue les mineurs, voilà ce qui provoque les catastrophes.

Voilà ce qui jette le deuil, la misère, la désolation dans nos foyers, voilà ce qui fait qu'aujourd'hui nous pleurons douze des nôtres, ici, tandis qu'à la Grand-Combe, nos frères pleurent aussi deux des leurs, tués eux-aussi par le gaz carbonique.

C'est cela qui tue les mineurs et de cela il y a des responsables.

Oui, c'est vous messieurs les ministres, qui êtes responsables des malheurs qui frappent notre corporation, par votre politique de rendement au plus bas prix, innovée par le socialiste de droite Lacoste et ses néfastes décrets, et continuée par le républicain populaire Louvel, ministre du pétainiste Pinay.

Oui, c'est vous, monsieur le directeur, messieurs les ingénieurs, qui portez une lourde part de responsabilité, lorsque vous appliquez servilement les consignes d'une pareille poplitique de malheur et votre responsabilité est d'autant plus engagée que vous connaissez les souffrances et les misères de notre corporation, comme vous connaissez le danger et la dureté du métier de mineur.

N'est-ce pas une honte que parmi les victimes que nous pleurons aujourd'hui, l'une d'elles a dû, la quinzaine dernière, se présenter quatre fois au bureau pour réclamer son dû ?

N'est-ce pas une honte que ces hommes aient eu leur salaire diminué de près de 200 francs par jour depuis le premier mai ?»

 

Et répondant aux discours hypocrites que ceux qui parlent de respect des morts, Duguet indique :

«Le meilleur moyen de respecter des morts, c'est de de dénoncer les responsables de leur mort et de lutter tous ensemble pour que pareille tragédie ne se renouvelle pas.»

 

La CFTC au secours de la direction

 

Auparavant, un employé des Houillères, dénommé Travers, avait pris la parole au nom de la CFTC. Son discours avait vraisemblablement été préparé dans les bureaux de la direction.

Il parla de la fraternité qui unit le directeur des Houillères et les ouvriers. Il s'indigna que la CGT dénonce les responsables de la catastrophe, couvrant ainsi la politique d'insécurité dans les mines pratiquée par les Houillères.

Il fut naturellement félicité le lendemain par le Figaro nazi et le journal fasciste l'Aurore.

 

L'engagement national

 

Le préfet, lui, prit la parole après notre camarade Duguet. Parlant au non du gouvernement, il tenta de défendre l'État-Patron, prostestant contre les accusations formulées par Loubert et Duguet.

Comme s'il suffisait de venir verser des larmes de crocodiles sur les cercueils de ceux que la politique de charbon au plus bas prix a assassiné.

Le préfet a pris l'engagement national d'assistance et de réparations envers les victimes. A l'heure où nous écrivons ces lignes, rien n'a encore été fait par le gouvernement. Qu'attend-il pour faire voter le projet de loi du groupe communiste demandant 10 millions pour les victimes ?

 

Pour en finir avec les massacres

 

C'en est assez de victimes. Il faut en finir avec la politique du charbon au plus bas prix qui tue au fond des puits. Il faut en finir avec les cadences infernales à la mode américaine. (C'est aux USA qu'il y a le plus de tués dans les mines). Il faut accorder de meilleurs salaires et prix de tâche. Il faut que toutes les règles de sécurité soient observées. Le projet de loi communiste sur l'extension des pouvoirs des délégués-mineurs doit être voté de suite [le PCF demandait que le délégué puisse arrêter les travaux dangereux, voir l'annexe : «Les délégués mineurs»]. En outre, les mineurs doivent avoir le délégué de leur choix. C'est un mal-élu avec 25 % des voix qui fonctionne au puits Gros-Mesnil. Depuis quatre jours il n'était pas descendu à ce puits. Lors de sa dernière descente, il n'a même pas signalé l'existence du gaz. Et pourtant, tous les ouvriers savaient que l'on approchait d'une poche de gaz.

Nous l'avons déjà dit et nous le répétons, un délégué élu avec une minorité de voix, qui n'a pas la confizance des ouvriers, n'a pas d'autorité. De ce fait, il ne peut pas défendre convenablement la sécurité et la vie des ouvriers.

 

Assez d'assassinats. Mineurs et similaires, refusez de travailler dans des conditions d'insécurité. Refusez de travailler pour de bas prix à la tâche. Ripostez avec force quand on vous inflige une brimade, quand il y a un tué ou un blessé grave dans votre puits. Exigez plus de pouvoirs aux délégués-mineurs qui doivent être élus par la majorité d'entre vous. Luttez dans l'union pour plus de sécurité, pour préserver votre vie.

 

La Fédération du Sous-Sol.

 

extrait de Le Figaro, 23 mai 1952

 

«C'est alors que deux représentants de la CGT prirent la parole. Ce fut pour se livrer à une manifestation communiste, manifestation d'autant plus indécente qu'elle se déroulait devant des cercueils.

M. Léon Travers, secrétaire local de la CFTC, sut donner ensuite aux deux syndicalistes extrémistes la leçon d'élémentaire  correction qu'ils méritaient.

- Pourquoi faut-il, déclara-èt-il avec émotion, que la douleur des familles soit troublée par des dissensions savamment entrenues ?»

 

extrait de L'Aurore, 23 mai 1952

 

«Les émouvantes obsèques des douze victimes de la catastrophe de Frugères ont été troublées par d'indécents discours communistes.

[...] Après quoi, M. Kloubert Loubert, secrétaire de la Fédération CGT des mineurs du Centre, avec un manque de délicatesse qui fut sévèrement apprécié par les mineurs, profita de son tour de parole pour prononcer un discours de propagande politique. Cette exploitation indécente du deuil qui frappe douze familles de travailleurs créa un dur malaise parmi les assistants de cette cérémonie qui, jusqu'alors, avaient communié dans la même émotion et dans le même deuil.

M. Louis Travers, secrétaire local de la CFTC, parlant ensuite, déplora que des paroles de discorde aient été prononcées en de pareilles circonstances.

Mais quand vint le tour du secrétaire national de la Fédération  des syndicats du sous-sol, M. Victorien Duguet, celui-ci n'hésita pas pourtant à renouveler les accusations indécentes portées par M. Loubert et à rejeter les responsabilités de la catastrophe sur le gouvernement.

Enfin, M. Carcasses, préfet de la Haute-Loire, représentant le gouvernement, s'élève fermement contre la polémique déplacée que venaient de soulever certains orateurs au seuil du cimetière.»

 

 

CGT-FO, extrait de Le Réveil des Mineurs, n°25, Mai 1952

 

La Corporation Minière en deuil

 

À la trop longue liste des victimes, que dans tous les pays du monde et à travers tous les âges, elle a déjà dressée, la mine homicide vient encore d'ajouter des noms. En quelques jours, seize hommes, descendus le matin pleins de vigueur et de santé, ont trouvé une mort atroce dans les profondes galeries. Ils sont tombés : 12 à Frugères-les-Mines, 2 à la Grand-Combe, un à Bruay et un autre à Loos-en-Gohelle, en moins d'une semaine. Sachant bien qu'ils risquaient leur vie chaque fois qu'ils mettaient pieds dans la cage de descente, ils l'ont courageusement  sacrifiée pour que d'autres hommes puissent vivre du produit de leur travail.

Un drame horrible vient de se consommer à Frugères-les-Mines ; conscients de ce qui les attendait, 12 mineurs se sont héroïquement effacés pour donner la vie sauve aux 8 plus jeunes d'entre eux. Comprendra-t-on jamais ce qu'il y avait de noble dans les paroles de ces braves gens qui disaient, à leurs cadets, «partez et renvoyez la cage vite, bien vite». Ils savaient cependant qu'elle reviendrait trop tard. Courageusement, ceux qui restaient ont prononcé ces paroles d'espoir ; «renvoyez la cage bien vite» pour que ceux qui partaient n'aient pas trop de regrets d'avoir été choisis pour survivre.

 

Encore une fois la corporation minière est en deuil. En fait, elle l'est toujours, car il ne se passe pas de semaine qu'ici ou là, isolément ou en groupe, le sous-sol ne se venge de ceux qui ont voulu violer son secret et lui enlever ses richesses. Au sujet de tous ces morts, des enquêtes ont été ordonnées dont il ne vous appartient pas, pour l'instant, de préjuger les résultats.

 

Y a-t-il eu faute d'exploitation ? Y a-t-il eu imprudence ? Nous souhaitons que la vérité soit dite, sur les causes de tels drames, car nous nous refusons à croire, toujours et encore, à la seule fatalité.

 

Les représentants du patronat et des Pouvoirs publics sont allés s'incliner devant les dépouilles de ces braves gens. Ils ont prononcé des mots qu'à ce moment ils pensaient. Ils ont rappelé combien cette profession était pénible et surtout dangereuse. Ils se sont associés au deuil des veuves, des mères et des enfants. Nous sommes certains qu'à ce moment là ils étaient sincères. Ce que nous voudrions, c'est qu'ils n'oublient pas trop vite ce qu'ils exprimaient devant les cercueils des victimes. A l'heure même où se produisait à Frugères ce dégagement catastrophique, les représentants des des mineurs discutaient avec les représentants patronaux et ceux des Pouvoirs publics. Hélas ! au cours de cette discussion, nous dirons même de ces marchandages, seuls les représentants des syndicats pensaient à ce que le métier de mineur comportait de dangereux.

 

Les autres estimaient qu'il était un métier comme un autre et ceci constituait une escroquerie morale. Ce n'était pas une profession comportant un grand besoin de spécialité et de connaissances particulmières. Partant, on marchandait leurs salaires et leurs conditions humaines. On oubliait que la spécialité du métier de mineur était surtout d'avoir à affronter la mort à tous les instants et que, pour l'éviter, ils avaient à calculer et à peser tous leurs gestes.

 

Cette même commission nationale doit se réunir à nouveau le 4 juin. Nos interlocuteurs du 20 mai auront-ils gardé le souvenir de ce que la réalité de Frugères, de la Grand'Combe, de Bruay et de Loos-en-Gohelle devrait leur rappeler ? Nous voulons l'espérer, en tous cas nous raviverons leurs souvenirs et saurons défendre, comme il convient, les droits de nos camarades, de ceux qui risquent leur vie tous les jours.

 

On s'est plaint que certains propos malséants aient été tenus à l'occasion des obsèques des victimes de Frugères. Une certaine presse a écrit des insanités contre des ministres, des ingénieurs, des agents de maîtrise, voire même des délégués mineurs qui ne sont pas de leur bord. Elle appelle crime volontaire une catastrophe qui se produit en France, tandis que, selon elle, celles qui se produisent derrière le rideau de fer sont dues à la seule fatalité, sans doute parce qu'elles sont plus fréquentes.

 

Plaignons les malhonnêtes gens qui tiennent de tels propos ou font de tels écrits, mais de grâce, qu'on n'agisse pas toujours pour leur donner, auprès des masses laborieuses, un semblant de raison dont ils ont tellement besoin.

 

La Fédération des Mineurs F.O.

Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
Les mines du Grosménil :Frugères et la catastrophe du 20 Mai 1952
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C
Je suis le petit fils Raphaël licois
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R
Je suis la petite fille d'Albert FLORY j'ai été très émue par votre récit. Je connais la fin de mon grand père mais j'ai vraiment ressenti la peine de ma grand mère, de mon père et de mon oncle ainsi que de toute ma famille. Merci à vous.
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C
Excellent dossier. Merci pour ces découvertes ...
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A
Je suis la petite fille de René Badon, un des huit rescapés. Il avait 25 ans au moment de cette tragédie. Mon grand père était avec Delort et Blanquet, il avait rejoint la grande galerie pour boire. Il est remonté sur la cage. Ce drame l'a hanté toute sa vie. Toute ma famille est marquée par ce drame. Merci pour cet article : il ne faut pas oublier !
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K
je suis un des fils de jean knorst.a l,èpoque je n,avais que 5 ans.le jour de l,accident nous avons moi ,mes freres et sœurs conduit chez la maitresse de l,ecole....j,ai aujourdhuit 69 ans et je compte me rendre encore une derniere fois sur ce lieu ...
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